TMS… 3 petites lettres, mais tant de conséquences sur la santé ! Les TMS, abréviation pour « troubles musculo-squelettiques » impactent autant notre qualité de vie au travail que notre qualité de vie… tout court.
Arrêts maladie, douleurs le jour et la nuit, perte de productivité, baisse de moral et de confiance en soi… Éviter les TMS est une réelle priorité autant pour les employeurs que pour leurs collaborateurs !
Mais prévenir les TMS, ça veut dire quoi, exactement ? Quels sont les enjeux d’une telle démarche ? Comment la mettre en place ? Pour mieux comprendre, commençons déjà par bien décortiquer les bases de ce problème de sécurité et de santé au travail : qu’est-ce que les TMS, en détail ?
Quels sont les facteurs de risque ?
Les conséquences ?
Quelles solutions existent ?
Nous vous proposons ici un guide de prévention des troubles musculo-squelettiques : il regroupe toutes les informations essentielles et actualisées sur le sujet, pour vous éclairer et vous accompagner dans votre prévention des TMS… avec pep’s !
Définition des TMS, et précisions sur leur apparition
Les troubles musculo-squelettiques sont des pathologies qui touchent les muscles, les tendons, les articulations, mais aussi les systèmes nerveux et vasculaire. Les TMS découlent d’un excès de contraintes sur ces structures : on parle alors de « pathologie d’hyper sollicitation », qui peut s’exprimer de façon aiguë ou persistante (chronique).
Voici les TMS les plus courants (1) :
▪ le syndrome du canal carpien (38 % des cas de TMS) ;
▪ le syndrome de la coiffe des muscles rotateurs de l’épaule (30 %) ;
▪ l’épicondylite du coude (22 %) ;
▪ les lombalgies (7 %).
💡 Les cervicalgies, dorsalgies, sciatiques ou cruralgies sont d’autres exemples de troubles musculo-squelettiques, moins fréquents cependant. Mais ils restent très présents dans les cabinets de kiné !
Les TMS se révèlent aussi variés qu’ils sont répandus dans notre société. Nos conditions et rythmes de vie et de travail en sont, en majeure partie, responsables. Et pour savoir comment prévenir les TMS, il est essentiel de comprendre en amont les facteurs de risque qui sont en jeu ! Voyons donc cela plus en détail 👌.
Les facteurs de risque, les connaître pour mieux les déceler et ainsi éviter les TMS
Un trouble musculo-squelettique est en général une maladie multifactorielle : elle apparaît suite à la combinaison de plusieurs facteurs de risque. Les cas où un seul facteur serait la cause de TMS restent rares.
Il existe 2 types de facteurs responsables de l’apparition des TMS :
▪ les facteurs intrinsèques, ou individuels, liés à l’individu lui-même (sa santé physique et mentale, son âge, etc.) ;
▪ les facteurs extrinsèques, extérieurs à l’individu (biomécaniques, environnementaux, psychosociaux et organisationnels).
Les facteurs extrinsèques des TMS sont très présents dans le milieu professionnel : c’est pourquoi on parle davantage de la prévention des troubles musculo-squelettiques en entreprise que de celle dans la sphère privée.
Les facteurs biomécaniques
👉 Il s’agit des diverses caractéristiques de l’exécution d’une tâche qui vont à l’encontre de la biomécanique de notre corps.
Se trouvent dans cette catégorie de facteurs d’apparition des TMS :
▪ la forte répétitivité des mouvements ;
▪ les positions inconfortables ou trop longtemps maintenues ;
▪ les efforts de forte intensité (port de charges lourdes, etc.) ;
▪ les gestes fins et précis ;
▪ la durée de la tâche.
Les facteurs environnementaux
👉 Ils renvoient aux spécificités des outils et des locaux, découlant de la conception des espaces et des postes de travail.
Par exemple : le bruit, le froid, le mauvais éclairage, le manque d’ergonomie du matériel, etc. On comprend d’ailleurs ici le lien direct entre la prévention des TMS et l’ergonomie !
Les facteurs psychosociaux
👉 Ce sont les facteurs notamment liés au management.
On retrouve dans cette famille de facteurs des TMS :
▪ la pression psychologique due à la gestion des charges de travail et des délais ;
▪ le manque d’autonomie, de reconnaissance professionnelle, de soutien entre collègues ou de la part de la hiérarchie ;
▪ le mode de rémunération, l’insécurité de l’emploi ;
▪ le manque de suivi des parcours professionnel, de formation et d’information ;
▪ la mauvaise atmosphère de travail ;
▪ etc.
Les facteurs psychosociaux des TMS génèrent une insatisfaction et in fine l’apparition ou l’aggravation du stress des collaborateurs. Or ce dernier décuple la perception de la douleur, augmente la fragilité physique et nuit à la bonne gestion des émotions. Le stress rend ainsi vos équipes plus sujettes au TMS et initie un cercle vicieux dont il est parfois difficile de sortir.
Les facteurs organisationnels
👉 Ils sont liés à l’organisation de la production (flux, temps de travail, procédures, etc.).
Voici quelques exemples de facteurs organisationnels des TMS : manque de pauses, modes opératoires standardisés, variabilité ou alternance insuffisante des tâches, rythme imposé par une machine, etc.
Le souci ? Il devient difficile, voire impossible pour les salariés de récupérer de manière suffisante. Plus fatigués, ils exécutent alors leurs tâches avec moins de vigilance. Conséquence : le risque de TMS augmente encore plus !
Les facteurs individuels
👉 Ce sont donc les facteurs intrinsèques des TMS, c’est-à-dire propres à chaque personne, sans toujours de lien direct avec le travail.
▪ L’âge.
▪ Le sexe (les TMS touchent davantage les femmes). (2)
▪ L’état de santé physique : arthrose, rhumatismes inflammatoires, traumatismes articulaires, surpoids, diabète, problèmes de thyroïde, maladies immunitaires, etc.
▪ La santé mentale : troubles anxieux, stress post-traumatique, troubles de l’humeur, dépression, troubles du déficit de l’attention, etc.
💡 Une pratique sportive régulière, le sommeil ainsi qu’une alimentation saine s’avèrent également essentiels au maintien d’un bon état de santé.
Pour synthétiser l’ensemble des facteurs de risques des troubles musculo-squelettiques et mieux les appréhender, voici un schéma signé La Minute Pep’s !
Les conséquences des troubles musculo-squelettiques sont à la fois individuelles et collectives !
Des chiffres parlants…
Le constat est là : en 2020, 87 % des maladies professionnelles reconnues sont des troubles musculo-squelettiques. 20 % des accidents de travail sont la conséquence du mal de dos. 45 % des TMS entraînent de lourdes séquelles. La première raison de l’inaptitude au travail avant 45 ans ? La lombalgie ! (1)
À ce jour en France, les troubles musculo-squelettiques restent la première cause du versement d’indemnités en cas de maladie professionnelle. (3)
Et fait d’autant plus inquiétant : les institutions estiment que 50 % à 70 % des cas de TMS sont sous-déclarés. Les pathologies musculo-squelettiques représentent un réel problème de société et de santé publique ! Leur prise en charge, ainsi que leur prévention, doivent donc être prises au sérieux, à la fois par l’entreprise et le salarié. Car les conséquences des TMS concernent autant l’un que l’autre 👌.
Les conséquences des TMS sur l’individu
En cas de séquelles lourdes, les TMS mettent le salarié face à une dure réalité : il pourra lui être difficile, voire dans certains cas impossible de reprendre le travail. À ce risque de désinsertion professionnelle s’ajoute un impact sur la santé mentale, le climat familial, la pratique sportive, la perception de soi, la capacité à s’épanouir, etc. Et lorsque les séquelles s’avèrent moins graves, elles n’en sont pas moins inconfortables : la douleur et la perte de mobilité, même modérées, impactent la qualité de vie, au travail comme à la maison.
Les conséquences des TMS sur l’entreprise
Là encore, les chiffres parlent d’eux-mêmes !
👉 1 arrêt maladie sur 3 est dû aux TMS.
👉 Un accident du travail lié au mal de dos débouche en général sur 2 mois d’arrêt.
👉 22 millions de journées de travail sont perdues chaque année à cause des troubles musculo-squelettiques et du mal de dos
Le manque de considération et de prévention des TMS aboutit à de nombreux problèmes de productivité et de coûts pour les entreprises :
▪ dégradation de l’ambiance, de la qualité de vie et du bien-être au travail ;
▪ perte de motivation des équipes ;
▪ baisse de la qualité et de la rapidité de production ;
▪ recrudescence des accidents ;
▪ augmentation de l’absentéisme et du turn over ;
▪ hausse des cotisations sociales ;
▪ altération de l’image de l’entreprise ;
▪ difficultés de recrutement ;
▪ majoration des coûts de formation et d’adaptation ;
▪ etc.
C’est autant de raisons qui expliquent pourquoi prévenir les TMS est si important, et même essentiel ! Que ce soit pour améliorer la qualité de vie au travail, la qualité de vie personnelle et assurer la pérennité économique des entreprises, la prévention des troubles musculo-squelettiques se révèle un enjeu majeur.
La prévention des TMS, une obligation pour l’entreprise
Loi sur la prévention des risques professionnels : ce que dit le Code du travail
Prendre soin de son corps et de son hygiène de vie afin de lutter contre les TMS relève d’une décision personnelle, qui n’est donc en aucun cas obligatoire… mais plus que conseillée ! Néanmoins, du côté de l’entreprise, les choses sont différentes. En France, la loi oblige l’employeur à prendre « les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs » (article L4121-1 du Code du travail).
L’employeur est ainsi tenu de mettre en œuvre des actions de prévention contre les risques professionnels, ainsi que d’informer et de former ses équipes. Mais aussi de suivre les métriques de la démarche choisie, afin de satisfaire une obligation légale de résultats, et non uniquement de moyens.
💡 Une précision utile : l’employeur doit aussi s’assurer que le collaborateur a les capacités requises pour appliquer les précautions recommandées (article L4121-5).
Piliers de la prévention des TMS : un triptyque fondamental qui implique toute l’entreprise
Au delà d’être une obligation légale, la mise en place d’une démarche de prévention des TMS repose sur 3 grands axes :
1. Déployer une approche holistique afin de considérer tous les facteurs de risque en jeu.
2. Solliciter la participation de l’ensemble des collaborateurs, supérieurs hiérarchiques inclus. Cette mobilisation collective est à la base de la réussite d’une démarche de prévention !
3. Assurer et faciliter le partage des compétences et des connaissances au sein de l’entreprise.
Les différentes étapes pour prévenir les TMS
Une action de prévention des troubles musculo-squelettiques se déroule en 3 phases : le dépistage des facteurs de risque, la maîtrise des risques, puis enfin l’évaluation des résultats.
1 – Le dépistage des facteurs de risques : jouer au détective… avec rigueur
Cette phase d’investigation a pour objectif de repérer et d’analyser les différentes situations de travail à risque au sein de l’entreprise. Elle permet ainsi d’en comprendre les causes, de définir des priorités et d’apporter des solutions. Ce dépistage repose sur la collecte et l’analyse de données (mesures du poste de travail, outils de dépistage des TMS comme le MUSKA, le RITHMS, l’OREGE, etc.). Mais aussi sur un entretien avec le salarié afin qu’il décrive :
▪ son travail avec précision ;
▪ la façon dont il ressent et vis la situation.
De cette phase d’exploration devra découler un plan global de prévention. La stratégie choisie devra tenir compte des situations prioritaires relevées. Les objectifs se fixent à long terme, puis se détaillent à l’échelle annuelle et mensuelle.
2 – La maîtrise des risques : place aux solutions pour prévenir les TMS !
C’est le cœur de l’action 💪 ! Il s’agit de mettre en place les solutions adaptées pour compenser les facteurs de risques détectés et réduire les TMS. Cela peut passer par :
✔️ l’adaptation du poste de travail pour en améliorer l’ergonomie (achat de matériel, réaménagement de l’espace, etc.) ;
✔️ l’ajustement des modalités de travail (rythme, variabilité, etc.) ;
✔️ une sensibilisation aux TMS pour vos équipes, en groupe ;
✔️ des entretiens individuels afin de leur apprendre les gestes personnalisés qui leur feront du bien, à chacun ;
✔️ des ateliers QVT ;
etc.
💡 Cette phase doit faire l’objet d’une réelle réflexion et d’une planification : il importe de trouver l’action de prévention des TMS qui conviendra vraiment à vos équipes et votre entreprise. Que vous souhaitiez mettre en place une intervention sur une journée ou plusieurs semaines, prenez le temps de choisir la solution qui s’accordera vraiment avec vos valeurs et vos objectifs.
3 – L’évaluation : la cohérence est de mise
Comme nous l’avons vu un peu plus haut dans ce guide, toute démarche de prévention des TMS doit inclure une phase finale d’évaluation. Les résultats doivent être là. Il est donc essentiel de suivre des indicateurs qui font sens par rapport à vos objectifs de prévention.
💡 Voici quelques exemples d’indicateurs :
▪ nombre d’accidents, d’arrêt maladie ou de maladies professionnelles liés aux TMS ;
▪ nombre de postes aménagés ;
▪ montée en compétences liées à la prévention parmi les équipes ;
▪ taux du turn over et de l’absentéisme ;
▪ nombre de collaborateurs qui se reconvertissent pour cause de TMS ;
▪ etc.
Les TMS peuvent être évités. Ces pathologies musculo-squelettiques sont aujourd’hui la source de nombreux problèmes à l’échelle individuelle et collective : nous pouvons agir ! Et bonne nouvelle, la prévention des TMS n’a pas toujours à être compliquée. Le secret d’une intervention réussie, selon nous ? Agir sur l’ergonomie du poste de travail, bien sûr, mais aussi permettre à vos collaborateurs de redevenir acteurs de leur santé. C’est en adaptant chaque geste et posture à la morphologie, aux possibilités et surtout au ressenti de chacun qu’on change vraiment les choses. La standardisation n’a pas sa place pour prévenir les troubles musculo-squelettiques de façon efficace et durable… Mais du pep’s, de l’écoute bienveillante et de la personnalisation, si 😉 !
Sources :
(1) Troubles musculo-squelettique : définition et impact | Ameli
(2) Santé des femmes au travail : des maux invisibles – Le rapport | Sénat
(3) Troubles musculo-squelettiques dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale : mieux connaître les facteurs de risque pour mieux les prévenir
Chapitre Ier : Obligations de l’employeur. (Articles L4121-1 à L4121-5) – Légifrance
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Excellente analyse des TMS et de leurs diverses origines : une base de réflexion étoffée pour les préventeurs et CHST des entreprises afin de lutter contre ce fléau dont les conséquences sont lourdes pour tous , tant pour le salarié que pour l’employeur mais aussi pour les régimes de protection sociale
Bonjour
J’ai vraiment aimé cet article et je mettre en application.
Merci.
C’est intéressant
Excellent article.
Une bonne logique dans l’appréhension des différents points relatifs au TMS
Un grand merci pour votre précieux retour.
Article très intéressant, quand est-il du milieu médicale
Par exemple dans les EHPAD ils mettent en place des rails dans les chambres mais il n’y a qu’un moteur pour plusieurs chambres. Le personnel s’ ‘use » à installer et désinstaller ce dernier (la coiffe des rotateurs et les cervicales en prennent un coup) ou le cas échéant il fait sans au risque de se blesser. Comment faire comprendre à la hiérarchie que ce n’est plus possible de travailler dans ces conditions et qu’il faut qu’ils investissent dans des moteur pour lève personnes au rail.
Bonjour,
Je vous remercie beaucoup pour ce retour.
Ce que vous dites est très intéressant. Il est d’ailleurs prévu que l’on fasse bientôt un article sur le sujet du personnel de santé.