Ce que disent les douleurs musculo squelettiques

ce que disent les douleurs musculo squelettiques

En France, le mois d’octobre consacre son 3e lundi à une journée de lutte contre la douleur. Alors, on dédie notre article PEP’S à ce sujet épineux de santé publique.

 

Qu’elles concernent une seule articulation ou un ensemble comme la colonne vertébrale, les douleurs musculo squelettiques sont encore trop fréquentes dans le monde du travail. D’après le Professeur Aubrun du CHU de Lyon, 20 à 30 % de la population française souffrent de douleurs chroniques. Une partie découle des troubles musculo squelettiques, les fameux TMS.

 

Si on s’intéresse souvent aux répercussions physiques, les impacts psychologiques de ces douleurs chroniques sont tout aussi problématiques. Quels sont les facteurs de risques pour les travailleurs ? Que cachent ces maux de dos, d’épaule ou de cou ? Comment soulager les salariés qui souffrent ? On vous explique comment appréhender ce sujet dans le cadre d’une prévention TMS adaptée à votre activité professionnelle.

 

 

 

Les douleurs musculo squelettiques, c’est quoi ?

 

 

Chaque homme et chaque femme doit recevoir des soins pour soulager sa douleur et c’est l’article L.1110-5 du code de la Santé Publique¹ qui le dit. “Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée”, mais qu’est-ce qu’une douleur musculo-squelettique ?

 

Définition d’une souffrance liée aux TMS

 

C’est une douleur directement liée à un trouble musculo-squelettique qu’on appelle TMS.

 

Celle-ci se caractérise comme un vécu sensoriel et émotionnel désagréable, associé à des lésions tissulaires réelles ou potentielles². Cette expérience est subjective et multidimensionnelle, avec notamment l’intervention des facteurs psychosociaux.

 

Or, ces derniers représentent l’une des origines de TMS, d’où le nom de douleurs et troubles musculo-squelettiques 💡

Il convient de distinguer une souffrance aiguë d’une douleur chronique, persistante le plus souvent au-delà de 6 mois et répondant mal au traitement.

 

Le modèle biopsychosocial de la douleur

 

3 sphères s’imbriquent dans ce qui forme le modèle biopsychosocial douloureux :

  • l’aspect biologique (âge, genre, héritage génétique, réactions physiologiques, état de santé des tissus…) ;

  • l’aspect psychologique (santé mentale, émotionnelle, croyances…) ;

  • l’aspect sociologique (environnement, contexte social, relations interpersonnelles, facteur de comorbidité…).


L’expérience douloureuse, liée ou pas à des TMS, est conditionnée à un grand nombre de paramètres sociaux, biologiques et psychologiques, rendant unique ce vécu.

 

Cela implique d’avoir une démarche individuelle dans sa prise en compte 👌

 

Les causes d’une douleur musculo-squelettique

 

Tensions musculaires, inconfort, picotements, ces gênes prennent différentes formes, mais d’où viennent-elles ? Leur origine est variée³ et peut être consécutive à des affections touchant :

  • les os ;

  • les articulations ;

  • les tendons ;

  • les ligaments.

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Derrière cela, le milieu du travail est propice à leur apparition.

 

Entre les gestes répétés, les positions prolongées ou encore la sédentarité, les causes des TMS et des gênes qui en découlent sont nombreuses.

 

Du côté des facteurs psychosociaux, on retrouve une forte charge de travail, une pression pour la réaliser dans un temps limité, le manque d’autonomie, le manque de sommeil, l’absence de participation des travailleurs aux décisions, le manque de soutien ou encore un sentiment d’insécurité quant à l’avenir professionnel.

 

Distinguons bien les facteurs intrinsèques, propres à l’individu, des facteurs extrinsèques liés à son environnement. On vous en dit plus dans notre article dédié à la compréhension et la prévention des TMS.

 

 

Douleur TMS au dos, au coude, au poignet, comment se manifestent ces algies ?

 

 

Les caractéristiques d’une douleur musculo-squelettique

 

Les symptômes sont nombreux et dépendent surtout du membre lésé ou de la zone touchée.

 

Ainsi, les douleurs osseuses sont décrites par les personnes en souffrance comme sourdes et pénétrantes. La plupart du temps, elles sont liées à une lésion³, mais peuvent avoir d’autres origines.

 

Les douleurs musculaires, appelées aussi myalgies, sont rapportées comme moins profondes, mais plus intenses. Il peut s’agir de contractions vives et prolongées comme les contractures, ou de sensations de raideurs au cou, aux épaules ou au dos.

 

On trouve aussi des douleurs ligamentaires et/ou tendineuses. Là, les symptômes sont décrits comme vifs, intenses sur des mouvements et diminués au repos. Dans les cas des tendons, l’un des TMS les plus connus est la tendinite du poignet.

 

Il y a également les douleurs des bourses séreuses entraînant parfois des gonflements de la zone lésée. À l’origine se trouve un traumatisme ou une sollicitation excessive, comme chez les travailleurs en appui sur les genoux qui peuvent souffrir d’un hygroma. Seul le repos contribue à diminuer ce type de douleur.

 

Les arthralgies ou douleurs articulaires, quant à elles, sont caractérisées par des douleurs mécaniques ou inflammatoires.

 

Certaines douleurs musculo squelettiques apparaissent à la suite d’un nerf comprimé, comme dans le syndrome du canal carpien, qui représentent 38% des cas de TMS.

 

Enfin, un syndrome fibromyalgique peut aussi caractériser ces douleurs chroniques. Bien que la cause des fibromyalgies ne soit pas clairement identifiée, on sait aujourd’hui qu’elles résultent d’une anomalie du système de perception de la douleur. Elles nécessitent d’ailleurs une prise en charge médicale qui dépasse le cadre de la prévention TMS.

 

Dans tous les cas, le diagnostic est primordial pour identifier clairement la cause d’une sensation douloureuse. Une consultation chez un médecin est donc indispensable.

 

Leurs impacts sur la vie quotidienne et le travail

 

L’impact d’une gêne douloureuse est proportionnelle à sa date d’apparition et à son intensité. Retenez qu’au plus elle est forte et qu’elle existe depuis longtemps, au plus les répercussions sur la vie quotidienne et sur le travail sont importantes.

 

Son mécanisme se décrit comme un cercle vicieux : la douleur s’installe au travail et s’accompagne d’une baisse d’efficacité.

 

Puis, elle s’immisce en dehors du temps de travail, altère le sommeil et entraîne à terme une perte de motivation du travailleur.

 

La maladie apparaît alors, ce qui donne lieu à des arrêts de travail. L’absentéisme consécutif se transforme en parcours médical, recherche de traitement et parfois, nécessité de reclassement quand un handicap fonctionnel est avéré.

 

L’Assurance maladie résume ce schéma en 3 stades évolutifs :

  • une première phase d’apparition des troubles, où la douleur arrive pendant l’activité et disparaît ensuite ;

  • une seconde phase intermédiaire où douleur et gêne persistent même au repos et où l’impact sur le travail est avéré ;

  • une troisième phase où les symptômes sont plus importants et où l’incapacité s’installe au travail comme dans la vie de tous les jours.

Autrement dit, dès les premiers signes d’une douleur, il est important d’agir pour limiter ses effets 💪

 

 

La fonctionnement de la douleur liée aux TMS et la neuroplasticité

 

Il faut savoir que la douleur musculo squelettique, quand elle devient chronique, impacte la sensibilité et le fonctionnement cérébral.

 

La neuroplasticité, c’est quoi ?

 

La plasticité neuronale, ou neuroplasticité, se définit comme la capacité pour le tissu nerveux à se réorganiser⁴.

 

Suite à un élément perturbateur, interne ou externe au corps, la plasticité transforme la structure des neurones et leurs connexions. A titre d’exemple, Hebb en 1949 montrait que deux neurones actifs en même temps augmentent leur force de connexion. Il soulignait aussi la capacité des neurones à se modifier.

Quant à Dunlop, en 2008, il montrait la possibilité de gagner en synapses (responsables de la transmission des messages nerveux) ou en vitesse de connexion.

 

Quels sont les impacts des douleurs liées aux TMS sur le cerveau ?

 

Malheureusement, les facteurs psychosociaux entraînent des effets délétères pour cette organisation neuronale.

 

Sous l’effet d’une douleur chronique, la neuroplasticité peut réorganiser le réseau neuronal pour changer les circuits de la perception de la douleur, venant renforcer la sensibilité à cette dernière.

 

Il impacte aussi les fonctions cognitives²; notamment la mémoire, l’attention, la concentration, la vitesse de traitement de l’information ou encore la capacité à prendre des décisions.

 

Ceci serait expliqué par le fait que le cerveau est concentré sur la douleur, ce qui lui laisse moins de ressources pour traiter des tâches cognitives.

 

Enfin, un lien entre TMS et santé mentale est établi. L’existence de TMS, et notamment lorsqu’il est associé à une douleur chronique, augmente les problèmes comme la dépression et le stress⁵.

 

Ce qu’il faut retenir surtout, c’est le principe de bi-direction dans la relation TMS, douleur chronique et santé mentale. Les difficultés psychologiques exacerbent la sensation douloureuse, mais la douleur tend à développer des problèmes de santé mentale 💡

 

Comment les facteurs psychosociaux transforment le cerveau ?

 

Prenons l’exemple du stress, dont la réaction du corps se traduit par :

 

  • une modification de la respiration ;

  • une accélération de la fréquence cardiaque ;

  • des changements hormonaux si le stress est chronique, comme la libération de catécholamines ;

  • un accroissement de la tonicité musculaire ;

  • des modifications de la réparation tissulaire ;

  • une augmentation de la perception douloureuse.

Autant de signaux qui montrent l’influence néfaste des facteurs psychosociaux sur la douleur liée aux TMS. Comme quoi, stress et travail ne font pas bon ménage.

 

 

Comment prévenir et soigner une douleur liée aux TMS ?

 

 

Attention toutefois à garder en tête que tous les facteurs psychosociaux ne sont pas foncièrement mauvais⁵.

 

Dans certains cas, l’exigence mentale élevée d’un poste est bien compensée par une autonomie du sujet ou un grand soutien moral d’un supérieur. Donc si on peut avoir une alerte TMS qui s’allume, celle-ci n’est pas toujours vérifiée 💡

 

Voilà donc pourquoi l’étape de diagnostic avec une concertation des équipes est indispensable pour réussir sa prévention TMS.

 

L’incontournable prévention des douleurs musculo-squelettiques

 

C’est logique, mais on ne prévient pas ce qui n’est pas identifié comme potentiellement problématique. Sans clarification de la cause, il n’y a pas de prévention efficace possible.

 

Si vous identifiez des gestes répétitifs pour vos équipes, vous aurez peut-être besoin des trois clés pour rééquilibrer la posture, mais pas forcément d’un nouveau bureau.

 

Pauses actives régulières, atelier collectif de prévention PEP’S, vous ne pourrez pas tout proposer, mais les solutions possibles sont nombreuses.

 

Une fois votre diagnostic établi, comme pour toute démarche de projet, il vous faudra définir vos objectifs, créer un plan d’action adapté à votre besoin et évaluer le suivi des démarches entreprises. La semaine dédiée à la QVT peut-être un très bon tremplin pour démarrer 🤸‍♀️

 

Des options de traitement variées en fonction du type de douleurs

 

Les traitements des douleurs musculo-squelettiques appartiennent aux médecins et aux patients. Ils varient selon le type de douleur, son origine, son intensité et les caractéristiques de l’individu concerné.

 

La première chose à chercher est de limiter la cause des douleurs, dès le début de traitement.

 

Le plus important est de consulter d’abord un professionnel de santé qui sera aiguiller au mieux les personnes souffrantes.

 

Pour l’entreprise, un accompagnement spécifique doit être pensé et pour éviter d’en arriver là, on vous le répète : pensez à la prévention des TMS en entreprise 👌

 

 

 

Face aux élancements, aux inflammations et autres douleurs musculo-squelettiques, vous savez maintenant comment agir. Leurs causes sont multiples et bien les identifier permet d’ajuster efficacement les conditions de travail des salariés. Mieux encore, adopter une politique préventive pour lutter contre les TMS reste le moyen le plus efficace et le plus économique pour une entreprise.

 

 

 

Parce que rappelez-vous « Si vous écoutez votre corps lorsqu’il vous chuchote, vous n’aurez plus à l’entendre crier ».

 

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Anne-Hélène GOUALOU

Conceptrice de La Minute PEP'S et de son réseau de kinésithérapeutes, j'ai à cœur de vous partager notre vision de la prévention des Troubles Musculo-Squelettiques.

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